La LĂ©gende du W
En toute fin des annĂ©es 1980, alors que le marchĂ© des GTi bat son plein, Renault dĂ©cide de balayer d’un revers de piston sa philosophie de la sportivitĂ© tout-turbo. Avec sa nouvelle Clio, tout semble rouler Ă merveille, Ă l’exception du Rallye Groupe A. Le constructeur français doit donc rĂ©agir…
Story
1989. Exit les usines Ă gaz suralimentĂ©es, les trains avant qui cherchent la route, les cardans qui morflent et les gommes qui s’usent plus vite que le plein de la voiture. La firme au Losange vient d’introduire son tout premier moteur mutlisoupapes, le F7P, sur le marchĂ© sportif. Il s’agit d’un 4 cylindres en ligne Ă 16 soupapes de 1.8L (1764 cmÂł) commandĂ© par un double arbre Ă cames en tĂŞte qui sera fièrement portĂ© par la R19 16s. MĂŞme si l’auto est sympa, avec une gueule relativement agressive, elle n’en est pas moins une compacte et les 140cv offerts par le bouilleur tirent difficilement les 1100 kg de la bĂŞte. Afin de palier Ă ce problème, la RĂ©gie va tenter une greffe impossible l’annĂ©e suivante en implantant son multisouapes dans sa nouvelle citadine. Ainsi prend vie la Clio 16s. Mais alors que tous les voyants sont au vert durant les deux premières annĂ©es, elle peine en rallye Groupe A, principalement Ă cause de sa cylindrĂ©e, infĂ©rieure Ă ses concurrentes, mettant en pĂ©ril le palmarès de Renault en compĂ©tition.
C’est donc en toute logique que la RĂ©gie se lance dans l’Ă©laboration d’une Clio Ă moteur 2.0L, qu’elle devra faire homologuer Ă hauteur de 2500 exemplaires minimum, si elle souhaite engager sa petite bombe en Groupe A. Son nom ? La Clio Williams®.
Moteur
Le principal problème de Renault est que dans sa banque d’organes, on ne trouve qu’un seul bloc de 2.0L de cylindrĂ©e : Le moteur « J ». Or, il s’agit d’une base archaĂŻque dont la culasse la plus aboutie ne comporte que 12 soupapes. Bien trop rĂ©trograde mais surtout excessivement coĂ»teux en termes de modifications. C’est finalement le bloc « F » dĂ©jĂ prĂ©sent dans la Clio 16s qui sera retenu pour concrĂ©tiser le projet.
En augmentant l’alĂ©sage des pistons puis la course via l’utilisation d’un vilebrequin dĂ©jĂ existant (celui de la Clio 1.9d !!!) Renault fait passer la puissance de 137cv @ 150cv. Au passage, les ingĂ©nieurs parviennent Ă gratter un peu couple en atteignant les 178Nm. Le nouveau F7R-700 Ă©tait nĂ© ! Cependant, certaines contraintes mĂ©caniques impliquent la limitation du rĂ©gime moteur Ă 6500rpm. Un dĂ©tail qui fait redescendre très vite sur Terre, lorsque l’on sait que le couple maxi est atteint aux alentours de 4500rpm et qu’il faut encore attendre les 5000rpm pour sortir du fameux « trou des 4000 » si spĂ©cifique Ă ce bloc. Au final, la plage de jouissance peine Ă s’Ă©tendre sur 1500rpm avant le rupteur. On pourrait presque croire Ă une mauvaise blague, mais ce serait sans compter tout le reste. Car s’est effectivement le reste qui va se montrer payant et inscrire de manière indĂ©lĂ©bile les lettres de noblesse de la Clio Williams® dans l’histoire de l’automobile.
Fiche technique complète
IDENTITÉ : | |
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DĂ©nomination | Williams / Swiss Champion |
Millésime | 1993-1996 |
Type Mine | VF1 C57M |
Fiscalité | 10cv |
---MOTEUR--- | |
Code | F7R 700 |
Bloc | Alu |
Architecture | L4 DOHC |
Cylindrée | 1998cc (2.0L) |
Aspiration | Atmo |
Soupapes | 16s |
Implantation | Transversal avant |
Gestion | Fenix 3 inj. multi |
AxC | 82,7 x 93,0 |
PMax | 150cv @6100rpm |
CMax | 178nm @4500rpm |
RMax | 6500rpm |
---TRANSMISSION--- | |
Type | (FWD) Traction |
Boite | JC5 Ă 5 rapports + MAr manuelle |
---ROUES--- | |
Pneus | 185/55 V15 (Speedline) |
Freins avant | Disques Ventilés 259mm |
Freins arrière | Disques pleins 238mm |
Aides | --- |
---PERFS--- | |
VMax | 216 km/h |
0-100 km/h | 7"9 |
80-120 km/h | |
400m | 15"6 |
1000m | 29"0 |
Poids | 990 kg |
RPP | 6.6 kg/cv |
Rendement | 75 cv/L |
Conso Mixte | 7,8 l/100 |
Tarif neuf de base | 129 500 frs |
Cote 2017 | 6000€ > 20.000€ |
Extérieur
Si les performances de la Clio 1.8L 16s n’ont pas Ă rougir face Ă celles de la Clio Williams, cette dernière va littĂ©ralement rouler sur tout le microcosme des autos produites en sĂ©ries limitĂ©es. Williams et Renault vont dĂ©ployer une palette impressionnante de dĂ©tails, demeurant inĂ©galĂ©e Ă ce jour. La liste est si longue qu’Ă l’heure oĂą je rĂ©dige ces lignes, je crains de ne pouvoir ĂŞtre exhaustif. Pour commencer, sachez que lorsqu’une Clio Williams pĂ©nètre votre champ de vison, aussi distrait soyez-vous, vous ne distinguez qu’elle. Totalement emprunte de bon goĂ»t, et assumant pleinement ses formes, cette auto dĂ©gage une telle aura qu’on ne conçoit plus qu’il s’agisse juste d’une Clio. ParĂ©e du Bleu Sport 449 inaugurĂ© par la GT Turbo Alain Oreille, la Williams repose sur de majestueuses jantes Speedline dorĂ©es de 15″. Ses ailes gonflĂ©es exhibent dignement les badges 2.0L tandis que la hauteur de caisse est surbaissĂ©e via l’utilisation d’une suspension spĂ©cifique. Grâce Ă ses nouveaux bras qu’elle emprunte Ă la R19s, sa voie avant se trouve nettement Ă©largie. En reprenant les traits dĂ©jĂ bien musclĂ©s de la Clio 16s, elle impose le respect dès le premier regard.
Interieur
On ne rentre pas Ă l’intĂ©rieur d’une Clio Williams, on se pose sur la planète Williams : La belle arbore des sièges baquets empruntĂ©s Ă la R19 16s -encore elle- et surpiquĂ©s de bleu. Ils rĂ©vèlent fièrement le W de Williams, brodĂ© sur chaque dossier. De l’Ă©paisse moquette jusqu’au fond de compteurs en passant par le pommeau de levier et les cinq ceintures, tout est de bleu vĂŞtu.
Et la cerise sur le pudding, la final touch, le top du top of the top pour cette collaboration Franco-Britannique, c’est la plaque dorĂ©e et gravĂ©e du numĂ©ro de production qui trĂ´ne, -faussement- rivetĂ©e au beau milieu de la planche de bord. Bienvenue dans la galaxie Williams ! A ce jeu, mĂŞme la plage arrière a le droit Ă sa petite transformation et intègre un astucieux range-costumes… So British ! Merci Francky ! Petit bĂ©mol toutefois : La plaque numĂ©rotĂ©e disparaĂ®t après la production de la 2500ème Clio Williams, et ça c’est quand mĂŞme vachement moins glop !
Évolution
En 1994, l’intĂ©gralitĂ© de la gamme Clio passe au bistouri. La Clio 16s suit le mouvement, et forcement la Williams n’y Ă©chappe pas.
ExtĂ©rieurement, elle adopte des baguettes plus larges qui intègrent Ă prĂ©sent les monogrammes « 2.0 ». La face avant affiche une calandre modernisĂ©e et enfin peinte ! A l’arrière, les feux sont lĂ©gèrement bombĂ©s tandis qu’un long catadioptre traverse le hayon dans sa largeur, obligeant les logos Ă ĂŞtre placĂ©s plus haut. Le bras d’essuie-glace devient plus discret. Comme toutes les nouvelles Clio, les rĂ©troviseurs sont Ă©largis et la trappe Ă essence est empruntĂ©e au Kangoo. Dans l’habitacle, rien ne change ou presque, puisque la grande nouveautĂ© de la Clio 16v est l’arrivĂ©e des sièges de la R19 16v que la Williams revendiquait dĂ©jĂ lors de son lancement. La commande de chauffage s’affine et la fameuse plaque numĂ©rotĂ©e demeure encore et toujours aux abonnĂ©s absents. Il est Ă noter que les dernières Williams, de 1995 Ă 1996 sortent de l’usine parĂ©es d’une nouvelle teinte : le Bleu MĂ©thyl 432 qui comporte une nuance de violet. Le F7R quant Ă lui ne subit aucune modification.
La fin de la légende
Comme pour tirer une révérence certaine, Renault et Williams offrent en 1996 une ultime version de leur Clio Williams, baptisée Swiss Champion.
Cette dernière conserve le rĂ©cent Bleu MĂ©thyl et porte des badgings Swiss Champion en plus des Williams. C’est l’intĂ©rieur qui voit le plus de modifications, Ă commencer par un Ă©tonnant volant trois branches tulipĂ© totalement exclusif. La SC sonne Ă©galement le retour de la plaque non plus rivetĂ©e, mais vissĂ©e –toujours aussi faussement d’ailleurs- sur la planche de bord. L’auto est Ă©quipĂ©e d’un système hi-fi Sony complet, avec un chargeur de CD dans la boĂ®te Ă gants et une plage arrière de type soundboard toute bleue qui abandonne le range-costumes au profit de 2 Ă©normes haut-parleurs de 120 watts ! Le moteur reste inchangĂ© et produit toujours 150cv. La Clio Williams Swiss Champion est produite Ă 500 exemplaires, pas un de plus et est uniquement destinĂ©e Ă nos amis Helvètes.
Compétition
Tout comme la plus grande partie de la production automobile, la Clio à immédiatement entamé une carrière sportive, notamment en Rallye Groupe A :
Mais ça, c’Ă©tait avant… Avant la Clio Williams ! N’oublions pas que Renault s’est servi de la belle bleue pour pouvoir engager un vĂ©ritable monstre en compĂ©tition. Voici Ă quoi ressemblait le monstre en question dès le millĂ©sime 1994 :
Appellations commerciales
En France, la Clio Williams® n’a jamais changĂ© sa dĂ©nomination commerciale en fonction de sa sĂ©rie, ce qui n’est pas le cas des autres pays. Dans la majeure partie des exports, la phase 2 s’appelait Williams® 2 et ceux qui ont eu la chance d’avoir une phase 3 voyaient l’appellation Williams® 3, exception faite de la Suisse pour qui la Swiss Champion® est considĂ©rĂ©e comme leur troisième sĂ©rie.
Conclusion
C’est un joli petit jouet que nous Ă offert Renault pour le coup. L’ennui avec la Williams® c’est sa cĂ´te qui ne cesse de grimper. Les exemplaires restants et pas encore dĂ©pouillĂ©s se faisant de plus en plus rares, il devient très difficile d’en faire l’acquisition. Un gage de plus qu’il s’agit bien lĂ d’un authentique collector !
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LeTorr.