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🔎 Audi 80 Quattro Competition

Usurpation d’identité

Rien que le nom laisse rêveur. On s’imagine déjà à son volant, une bête de course homologuée route dans les mains, bardée de manomètres, gavée de chevaux et campée sur un châssis démoniaque d’efficacité. Mais la réalité est parfois légèrement différente. Octane-102.com vous emmène à la découverte d’une petite rareté : L’Audi 80 Q.C…

A80 Quattro Competition. M.Leonhardt – Fotographie®

Présentation

Audi 80 Quattro Compétition. Sous ce patronyme flatteur se cache une série — très — limitée de l’Audi 80 de 4ème génération (B4) , au ramage qui ne se rapporte pas vraiment au plumage. Sortie des chaînes à seulement 2500 exemplaires, ce modèle fût créé dans deux buts bien précis : pour la maison mère d’Ingolstadt, celui d’homologuer la 80 Q.C pour le championnat de Super Tourisme Allemand, et pour les opportunistes d’Audi France, mettre en concession un modèle qui célébrera leur suprématie durant trois années consécutives (1991, 1992 et 1993) en Super Tourisme gaulois.


Moteur

Tout amateur de sportives — ou même d’auto en général — qui se respecte est en droit d’avoir un bouilleur digne de ce nom quand il se loge sous le compartiment d’un véhicule à vocation sportive. Surtout quand deux termes sacrés comme « Quattro » et « Compétition » s’y trouvent mêlés. Quand en plus on s’appelle Audi, avec une banque d’organes très bien fournie en motorisations pêchues, peut-on m’expliquer ce que ce poumon de 2,0L 16v vient foutre ici ?

Alors oui, il est fiable et clairement indestructible (mais pas dépourvu de petits soucis bénins) , si tant est qu’il soit entretenu, il fait illusion sous le capot de la Golf 2 GTi16, puisqu’ils sont cousins. Mais pas sous le capot d’une berline qui flirte avec les 1400kg sur la balance ! Si encore il avait été retravaillé pour lui faire cracher quelques chevaux supplémentaires bienvenus… Ce n’est même pas le cas. Ce 2,0L multisoupapes développe 137ch à 5900Trs et un couple de 185Nm à 4500Trs couplé à une boîte cinq rapports. S’il n’en demeure pas moins volontaire, la firme aux anneaux a privilégié le couple à la rage, donnant à ce moteur une souplesse et une philosophie typée GT routière plutôt que sportive accomplie. Ne vous attendez pas à ce que ce moulbif vous malmène, le 0 à 100km/h peine à rester sous les 10s (9,8s), ce sera plutôt vous la brute si vous souhaitez vous amuser un peu ! Et ce n’est clairement pas le châssis qui freinera vos ardeurs…


Châssis

Soyons objectifs, nos amis d’Outre-Rhin se sont vautrés sur la motorisation de ce modèle, mais qu’en est-il du châssis ? Je crois qu’ils se sont lancés un défi à la conception : créer une berline paradoxale. La 80, 4ème du nom, hérite du châssis de la précédente génération, très bien né et ayant même servi de base par la suite pour l’A4. Il se démarque par une stabilité presque à toute épreuve et un confort absolu mais, revers de la médaille,  » sportif  » ne fait pas partie de son ADN. Pour muscler un peu la 80 QC, Audi n’a pas cherché bien loin. Partant sur une base de la 80 2.0L 16v, elle se voulait déjà moins pataude qu’une 80 « de base » mais pas assez efficace. Le choix fût radical et c’est purement et simplement le châssis de la S2 que le constructeur retint. La hauteur de caisse s’abaisse de 40mm, et l’amortissement est raffermi. La transmission 4RM Quattro est intégrée, comme le freinage de la S2 avec ABS de série et les jantes alliage « Boléro » à six bâtons en 16 pouces chaussées en 205/55/16. C’est tout pareil que la S2…

C’est vrai qu’il n’en fallait pas moins pour stopper les 137ch, canaliser les 185Nm et freiner les 1370kg… Un paradoxe on vous dit ! Le comportement routier s’en trouve évidemment excellent, avec une motricité bien difficile à prendre en défaut, une agilité remarquable pour une berline tri-corps et un freinage endurant. N’oubliant pas pour autant sa philosophie plutôt GT que sportive pure et dure, la direction se veut souple (trop ?) et le confort préservé. De quoi faire amèrement regretter l’absence de 30 ou 40ch supplémentaires, qui auraient permis d’en faire une berline pimentée de bon père de famille. Homme pressé, mais raisonnable, préférant l’atmosphérique dynamique au turbo bestial.


Extérieur et Carrosserie

Quitte à piquer son châssis à la S2, autant pousser le vice jusqu’au bout ! La Quattro Compétition enfile donc la même tenue complète avec les boucliers spécifiques, baguettes et bas de caisse, feux avant lenticulaire et un aileron en aluminium. Hormis les bas de jupes et bas de caisse, la peinture est intégrale et seuls trois coloris vous étaient proposés en concession, à savoir le rouge «laser» , le noir «volcan» nacré et l’argent métallisé. Tout comme sa grande sÅ“ur, l’ensemble reste sobre mais élégant, relevant le design un peu lourdingue de la 80, mais laissant à la seule RS2 la primeur d’un tant soit peu d’exubérance.


Intérieur et Équipements

Rigueur et classicisme germanique sont, comme à l’accoutumé les maîtres mots. Ne cherchez pas de fantaisie, vous n’en trouverez pas. Le noir est incontournable comme c’est l’usage dans le groupe VAG. Les plastiques d’excellentes qualités soulignent des ajustements soignés, l’assemblage ne souffre d’aucun défaut (pour les années 90). L’impression de robustesse est omniprésente, aucun doute nous sommes bien à bord d’une Audi.

Si la gaieté n’a pas été invitée à bord, tout le reste a été convié : les sièges baquets provenant de la S2 arborent un tissu «Quattro» tout comme les panneaux de portes. Un monogramme Audi Sport «Compétition» prend place sur le tableau de bord, face au passager. L’instrumentation n’est pas en reste non plus car aux traditionnels compte-tours, tachymètre et température d’eau s’ajoutent trois manos toujours en provenance de la S2. Ils vous informent sur la pression et la température d’huile, et sont accompagnés d’un voltmètre. On ne peut d’ailleurs que féliciter Audi pour cet équipement permettant de garder toujours un Å“il sur l’état du moulin, et ainsi prévenir une avarie potentielle. Une petite ombre au tableau cependant : la présence d’un volant quatre branches pour le moins classique et quelque peu disgracieux dans cet intérieur soigné. La filiation avec la S2 ayant visiblement été le fil rouge, pourquoi ne pas lui avoir également emprunté son beau volant à trois branches, quitte à y remplacer le monogramme par un «Compétition» ? Peut-être pour ne pas froisser les possesseurs de S2 ? La question restera en suspens…

L’équipement de série n’est pas des plus généreux, habitude fâcheuse des constructeurs allemands, il faudra donc se contenter de la direction (trop) assistée, la fermeture centralisée, les vitres électriques à l’avant et l’airbag conducteur. Si cet équipement parait un peu sommaire, il a l’avantage de limiter le poids déjà conséquent de l’auto, évitant de pénaliser encore plus ses performances. Le catalogue d’options vous permettait d’agrémenter cet équipement avec le toit ouvrant, la climatisation, les vitres électriques arrières ou encore les rétroviseurs électriques et bien d’autres. Dernière particularité de l’équipement et non des moindres : toutes les 80QC étaient livrées avec un «kit piste» à leur acquéreur. Ce kit comprenait des rehausses pour l’aileron permettant d’arriver aux côtes «courses» de la vraie QC de Super Tourisme. Dans le but de faire de vous un client privilégié, une lettre vous était également remise à la livraison du véhicule, vous expliquant le pourquoi du comment de cette série limitée et numérotée. Pour enfoncer le clou définitivement, un porte-clé Audi Sport «Compétition» venait parfaire le tout avec votre numéro d’exemplaire inscrit d’un côté. De l’autre on trouvait les casques des deux pilotes du championnat allemand, accompagnés de leurs autographes.


Acquérir une A80 Q.C

Si au terme de cet article, ce modèle vous attire, dites-vous bien une chose : il va falloir vous armer de patience, les exemplaires sont rares, voir très rares ! Même si une grande partie a été vendue en France. Dans la compétition, on se souvient quasiment toujours du 1er, souvent du second mais très rarement du 3ème. Malheureusement, la 80QC ne déroge pas à la règle et contrairement à ses grandes sœurs, la S2 et la très mythique RS2, cette série limitée est tombée totalement dans les méandres de l’oubli. En conséquence, elle est devenue très vite abordable avant de tomber dans des mains peu soucieuses de la conservation qu’elle aurait méritée.

Forte d’une qualité de fabrication «Audiesque» , la rouille ne sera pas un problème, sauf si elle a subit des réparations en dehors des règles de l’art,  par un propriétaire peu scrupuleux. Le bloc, à défaut d’être un foudre de guerre, fait parti de ces moteurs qu’on qualifie d’indestructible. Toutefois son entretien n’est pas une option et s’il a toujours été fait correctement, les forts kilométrages ne doivent pas vous faire peur. Comme toute transmission intégrale, l’entretien du pont Torsen devra attirer votre attention. Bien qu’il soit fiable lui aussi, et peu malmené par le couple modeste, la casse est très rare. Les seuls soucis rapportés par différents propriétaires se situent principalement autour d’un ralenti parfois capricieux, la sonde de température d’eau qui peut se mettre à dysfonctionner (les deux problèmes étant souvent liés) et un câble de compteur sujet à la casse. En somme rien de bien méchant et/ou d’onéreux.

Privilégier de préférence un modèle avec un minimum d’historique si vous ne voulez pas partir dans une coûteuse restauration. Pour finir, abordons le budget, sempiternel nerf de la guerre. Les rares modèles disponibles sur le marché varient de 2500€ à 4500€, ce prix pouvant être supérieur pour un modèle entièrement restauré avec soin. N’espérez pas trouver un exemplaire encore pourvu des rehausses ou du porte-clés spécifique. Majoritairement égarés, il y a peu de chance pour qu’ils vous soient fournis.


Conclusion

Alors cette A80 Q.C, usurpatrice ou paradoxale ? Je vous laisse seuls juges. Châssis de S2, intérieur quasi-complet de S2, monogramme et accessoirisation spécifique, présentation de S2, exemplaires limités., et… Motorisation de sa base de départ, aucune amélioration pour venir parfaire une série aspirant à devenir collector en puissance, au même titre que ses deux sÅ“urs. Rareté de l’édition — encore plus — limitée incluse. Audi avait tout réuni pour vous donner l’illusion que vous alliez rouler en S2 pour moins de 150000frs, hors-options, à un détail près : ce moteur trop modeste pour exploiter un châssis pouvant accueillir bien plus. Le défaut d’une fausse pièce d’identité qui vous démasque et fait apparaître au grand jour que vous n’êtes pas celui ou celle que vous prétendez être. Il ne reste plus qu’à espérer qu’une poignée de passionnés sauvent les quelques rares exemplaires restants, parce que malgré tout, elle en vaut la peine au nom de l’histoire de la marque en compétition…

Vince R.


Caractéristiques Techniques

NomA80 Quattro Competition
Millésimes1994-1995
Type Mine
Fiscalité11cv
Code moteurACE
ArchitectureS4 DOHC
Cylindrée1984cm³ (2.0L)
AspirationAtmosphèrique
Soupapes16v
ImplantationLongitudinale
GestionBosch Motronic
AxC82.5 x 92.8
PMax137cv @5900rpm
CMax185Nm @4500rpm
RMax6500rpm
Type(AWD) Intégrale permanente
BoiteBVM5
Pneus205/50 VR16
Freins avantDisques ventilés
Freins arrièreDisques pleins
VMax206kmh
0-1009″8
80-1206″6
400m17″4
1000m32″1
Poids1370 kg
RPP10 cv/kg
RPL68 cv/L
Conso mixte8,6 l/100
Tarif Neuf
(de base)
150 000 frs
Cote 2017~3500 €

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